Notre grand homme: Désiré BARODET

Des origines jurassiennes

désiré barodet

 Ses grands-parents paternels étaient agriculteurs à Trenal village d’environ 300 habitants dans le Jura (39570) où est né en 1797 son père Claude-Marie Barodet, qui, plus tard instituteur à Sermesse y épousa une fille du pays, Marie DESSERME, en 1822 . Ils y restèrent jusqu’à leur mort, en 1842 pour le père et en 1866 pour la mère .

Première période : en Bresse – Bourguignonne

 

Naissance 27 juillet 1823 à Sermesse (71350) , près de Verdun-sur-le-Doubs. Il passa son enfance à Sermesse.

  • 1837 : à 14 ans, il entra au petit séminaire d’Autun : il n’avait pas spécialement de vocation religieuse , mais c’était la possibilité de faire des études secondaires gratuitement.

  • 1840 : il intégra l’Ecole normale d’instituteurs de Mâcon.

1842 : premier poste à Frébuans, dans le Jura à quelques kilomètres de Trenal:

 

Etape courte, mais marquante : il y a rencontré sa femme, Thérèse Emilie RAMEZ, née à Frébuans en 1824, fille  de Pierre Ramez et Marie VERNIER, propriétaires à Frébuans.

Mariage célébré le 17 février 1844 par le Maire de Frébuans, Jean-Joseph SORDET.

Témoins : Jean Jacquet, Désiré Grand, Pierre et Jean Girard, tous propriétaires agriculteurs à Frébuans .

Naissance à Frébuans des 2 premiers enfants du couple :

  • Augustave Alfred Barodet le 30 mars 1846, mort quelques jours plus tard ( le 04 avril)

  • Gustave Alfred Barodet en 1847

A ces dates, le couple n’y habitait plus (la jeune mère était revenue accoucher chez ses parents).

Première période : retour en Saône-et-Loire 

 

1844 instituteur à La Frette.

1845 instituteur à Bantanges : tout se passa bien au début : il exerça même la fonction de secrétaire de mairie. Mais ses idées républicaines et progressistes furent mal vues par les autorités au moment de la contre-Révolution qui a suivi la Révolution de 1848 : il fut révoqué en 1849.

Il créa alors une école libre laïque à Cuisery.

Fidèle à ses idées républicaines, il s’opposa au coup d’état du 2 décembre 1851 qui allait amener le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte à devenir Napoléon III l’année suivante : cela lui valut de nouveaux ennuis : il dut se cacher à Cuisery et dans les environs.

Deuxième période : à Lyon

 

Désiré Barodet

Il s’installa à Lyon en 1856 . Il y exerça différents métiers :  précepteur, agent d’assurances, directeur d’une usine de produits chimiques à Vernaison (69) …

Sur l’acte de décès de sa femme Emilie Ramez en 1857, il est présenté comme teneur de livres.

Son attitude nettement républicaine lui avait donné une certaine influence dans la démocratie lyonnaise; il soutint aux élections de 1869 la candidature de M. Hénon, qui ne fut pas élu, mais qui, devenu maire de Lyon au 4 septembre 1870, le prit comme adjoint ; c’est à ce titre que, pendant la Commune, il fit partie de la députation lyonnaise qui essaya de s’interposer entre Paris et le gouvernement de Versailles. Le 8 février 1871, il fut porté sur la liste républicaine radicale du Rhône aux élections à l’Assemblée nationale, et il échoua avec 36,176 voix.

Ce fervent républicain accueillit avec enthousiasme la fin du Second Empire et l’arrivée de la IIIème République .  En 1870, il fut élu aux élections municipales et devint le 1er Adjoint du Maire, le Dr Hénon ; à sa mort en 1872, il lui succèda comme Maire de la Ville.

Nommé maire de Lyon le 23 avril 1872, à la mort de M. Hénon, il resta en fonction jusqu’à la suppression de la mairie centrale (loi du 4 avril 1873)

Il n’eut pas beaucoup le temps d’exercer ce mandat, car l’année suivante, l’Assemblée nationale décidait de supprimer la Mairie Centrale de Lyon.

Troisième période : à Paris

signature de Barodet

Signature de Désiré Barodet

La même année 1873, il est sollicité par ses amis politiques radicaux de Paris pour une élection délicate ,

M. Edouard Portalis, directeur du Corsaire et de l’Avenir National, eut alors l’idée de lancer la candidature radicale de M. Barodet aux élections qui devaient se faire à Paris, le 27 du même mois, pour remplacer M. Sauvage, décédé; Gambetta approuva et soutint cette candidature.

 Barodet releva le défi et, soutenu, entre autres, par Gambetta, il l’emporta nettement . Il prit alors une dimension nationale, d’autant plus qu’il fut ensuite réélu régulièrement à l’Assemblée Nationale jusqu’en 1896, avant de devenir sénateur de Paris jusqu’en 1900 .La lutte de cette élection devint exceptionnellement vive; à l’instigation du gouvernement, quelques maires de Paris avaient d’avance offert la candidature à M. Charles de Rémusat, Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Thiers, ami personnel de M. Thiers; les conservateurs présentaient, d’autre part, l’ex-lieutenant-colonel Stoffel. Les électeurs parisiens, un pour protester contre la dernière loi municipale, beaucoup pour ne pas laisser échapper l’occasion de faire au chef de l’Etat une opposition personnelle, élurent M. Barodet par 180,015 voix sur 345,759 votants et 457,049 inscrits, contre 135,028 voix données à M. de Rémusat et 26,644 a M. Stoffel. M. Barodet, dont pendant la lutte, on avait exagéré à dessein le radicalisme, prit place à l’extrême gauche, vota avec ce groupe et en devint président. Aux élections générales du 20 février 1876, il fut élu dans le IVe arrondissement de Paris, par 8,930 voix sur 15,461 votants et 19,199 inscrits, contre MM. Vautrain (4,385 voix), Loiseau (1,485), et Haussmann (266). Il fut du nombre des 363, et, après la dissolution de la Chambre, fut réélu dans le même arrondissement, le 14 octobre 1877, par 12,170 voix sur 15,512 votants et 19,075 inscrits, contre M. Touchard (247 voix); puis, le 21 août 1881, par 11,851 voix, sur 15,309 votants et 20,320 inscrit, contre M. Brenot (2,677 voix).

Ce fut un parlementaire très actif et très influent .

 Mandats à l’Assemblée nationale ou à la Chambre des députés 

27/04/1873 – 07/03/1876 : Seine – Union républicaine

20/02/1876 – 25/06/1877 : Seine – Union républicaine

14/10/1877 – 27/10/1881 : Seine – Union républicaine

21/08/1881 – 09/11/1885 : Seine – Union républicaine

04/10/1885 – 11/11/1889 : Seine – Union républicaine

22/09/1889 – 14/10/1893 : Seine – Radical-socialiste

20/08/1893 – 26/04/1896 : Seine – Radical-socialiste

Sénateur : de 01/01/1896 à 01/01/1900

 

Quelques exemples :

  • Il obtint la publication du recueil des programmes et engagements électoraux des députés, institution qui existait toujours à l’Assemblée et s’appellait le Barodet .  

  • Il fut le véritable inspirateur des lois Ferry, instaurant l’école gratuite, laïque et obligatoire .  

  • A la séance du 9 janvier 1900, il déposait encore une proposition de loi relative à l’abolition de la peine de mort en exhortant ses collègues à « inaugurer le vingtième siècle par un grand acte d’humanité et de civilisation ».

  • Il avait publié en 1898 des Eclaircissements historiques sur le coup d’Etat du 4 septembre 1870 à Lyon et, en 1899, un recueil, Les Revenantes, qui rassemble « les notes, épigrammes, invectives et couplets de combat que le mépris [lui] avait dictés » lorsqu’à Cuisery, de 1840 à 1856, il eut à « subir toutes les avanies réactionnaires de cette époque néfaste ». En 1900, ce fut la plaquette Sauvons la République ! Le Droit prime la force, charge à fond contre « le jésuitisme, la congrégation, le cléricalisme, … noires créations du noir Moyen-Age, … nids de guêpes et de frelons improductifs qui dévorent le miel des abeilles » républicaines. Autre écrit, autobiographique, en 1903 : L’élection parisienne du 27 avril 1873, Vilenies officielles de l’ordre moral. On trouvera, enfin, quelques lettres de Barodet au tome II (1905-1906) de La Révolution de 1848.

Fin de vie : Le retour aux sources 

 

En 1900, à 77 ans, il décida de mettre un terme à sa carrière parlementaire et se retira dans le Jura, à Vincelles (à coté de Trénal) il y tint le bureau de tabac avant de mourir le 18 avril 1906.

Il avait demandé à être enseveli au cimetière de la Croix-Rousse, à Lyon, où reposaient plusieurs de ses premiers et meilleurs amis. Ainsi fut fait. Et, le 27 novembre 1910, quatre ans après sa mort, en présence des autorités officielles et de nombreuses personnalités, les « Anciens Groléens » inauguraient sur sa tombe un monument élevé par souscription publique. Edouard Herriot, maire de Lyon, fut de ceux qui, à cette occasion, rendirent hommage au lutteur « ce grand défenseur de la Liberté  et de la République » . resté, jusqu’à la fin de sa vie, fidèle au cri qui terminait ses Revenantes : Vive la liberté !

 

LE BARODET

 

Recueil publié au début de chaque législature et qui rassemble les textes des programmes et engagements électoraux des députés qui viennent d’être élus.

Le terme est une antonomase. Il dérive du nom du député Désiré Barodet (1823-1906), qui fit adopter ce recueil le 6 septembre 1881. 

PROGRAMMES ET ENGAGEMENTS ÉLECTORAUX
(le Barodet)
Assemblée nationale

Identité
Programmes et engagements électoraux / Secrétariat général de l’Assemblée nationale

Dates
Depuis 1958

Périodicité
Publication au début de chaque législature (article 164 du Règlement de l’Assemblée nationale)

Historique
Dans le langage parlementaire, on appelle Barodet le document établi depuis les débuts de la IIIe République à chaque législature pour recueillir les programmes et engagements électoraux des candidats élus députés. C’est « un tableau d’ensemble des engagements pris devant les électeurs par les députés ».Le recueil doit son nom à Désiré BARODET (1823-1906), maire de Lyon en 1872, député de la Seine de 1873 à 1906, qui en fit adopter le principe par la Chambre en novembre 1881.

La résolution déposée le 11 novembre 1881 par le député Désiré Barodet a été adoptée le 7 février 1882, avec effet rétroactif, si bien que, depuis les législatives de 1881, toutes les professions de foi des candidats élus sont réunies sous la forme de registres imprimés par le Journal officiel. Surnommé « le Barodet », le recueil ainsi créé a paru jusqu’à la fin de la Troisième République. Sa confection a été reprise depuis les législatives de 1951, conformément à la résolution du 28 juillet 1950 : « Il est établi, au début de chaque législature, par les soins du Secrétariat général de l’Assemblée nationale, un recueil des textes authentiques des programmes et engagements électoraux des députés élus à la suite des élections générales ». Cette formule a d’ailleurs été intégrée au Règlement de l’Assemblée nationale (art. 164)

Nature
Périodique

Domaine
Parlement

Contenu
Textes authentiques des programmes et engagements électoraux des députés proclamés élus

Classement
Alphabétique par département, par circonscription électorale

Clefs d’utilisation
Pages non numérotées, classées par département, par circonscription électorale

Localisation
Veuillez contacter les bibliothèques pour connaître les états de collection
Bibliothèque de l’Assemblée nationale (collections consultables au service des archives de l’Assemblée nationale)

Bibliothèque du Sénat

 

Les professions de foi des députés au panier

 15 Mai 2009 Par Mathilde Mathieu

 L’ Assemblée nationale se chargeait jusqu’ici de collecter, au début de chaque législature, toutes les professions de foi des élus, pour les publier dans un recueil baptisé « Barodet ». Objectif: conserver une trace des promesses de campagne des 577 députés. Une tradition séculaire bientôt enterrée.

Car le nouveau règlement du Palais-Bourbon, que les parlementaires sont en train de réécrire ces jours-ci, renonce purement et simplement au « Barodet », apparu aux débuts de la IIIe République (en 1882). L’article 164 va en effet sauter, qui imposait au secrétariat général de l’Assemblée de rassembler les «engagements électoraux» des députés dans un gros pavé officiel et accessible au grand public.

Une caricature de Désiré Barodet, l’inventeur du « livre » portant son nom, attentif au «respect de la parole donnée»…  

Cette mort subite n’a qu’une explication: «le coût élevé de ce recueil», selon Jean-Luc Warsmann (UMP), président de la commission des lois, qui justifie que l’institution désargentée renonce à l’éditer. 

Les grands nostalgiques verseront une larme…

Mais il faut bien reconnaître que les professions de foi distribuées à la veille des législatives n’ont plus rien de personnalisées depuis longtemps et sont toutes rédigées à l’identique (ou quasi) par les staffs de communication des partis politiques. Dès lors, cette tradition n’avait plus grand sens…

Pour se consoler, on pourra toujours se plonger dans un Petit recueil édifiant sur l’art et la manière de se présenter aux électeurs, une anthologie des « Barodet » publiée en 2007 chez Ramsay et préfacée par Jean-Louis Debré, alors président de l’Assemblée.

 On y découvre par exemple qu’Aristide Briand, dans son document de campagne de 1902, ne faisait pas vraiment dans la dentelle: «Le péril n’est pas à gauche, il est à droite.» Point barre.

Un slogan efficace: le fameux rapporteur de la loi de 1905 (sur la séparation de l’Elglise et de l’Etat) aura tout de même siégé 30 ans.

 

 Caricature de Barodet

Parole, parole…

Les paroles volent, les écrits restent. Il en va ainsi des promesses électorales.
Depuis 1881 en effet, à l’initiative du député Désiré Barodet, les professions de foi des candidats élus aux législatives sont réunies dans un recueil officiel. Le « Barodet », très prisé des historiens, recèle de véritables trésors littéraires et historiques, qui font pour la première fois l’objet d’une anthologie.
« 
Parce que le style, c’est l’homme, ces professions de foi permettent aussi de reconstituer une véritable galerie de portraits », écrit Jean-Louis Debré. Hommes d’État réalistes et prophètes idéalistes, révolutionnaires collectivistes et candidats protestataires, toutes les tendances sont représentées, jusqu’aux ecclésiastiques inspirés et aux personnages les plus singuliers de métropole et d’outre-mer.
Rédigés avec superbe et surprenants de diversité, ces textes retrouvés font revivre un siècle de passions électorales en France.

Préface de Jean-Louis Debré, Président de l’Assemblée Nationale.